jeudi 24 mars 2011

Mon histoire avec Ettajdid (3/5)


Par : Karim Mejri

3. Engagement au sein du Comité de soutien à Paris


Notre comité à Paris s’est donc constitué et il était présidé par une indépendante, Nadia Chaabane, militante associative de longue date qui à ma connaissance n'a jamais eu de carte Ettajdid malgré sa proximité de ce mouvement. Il y avait plusieurs militants Tajdidiens et 2 jeunes indépendants, un médecin et moi-même. Nous avions des réunions hebdomadaires et les jours de grande chance nous avions 8 personnes autour de la table, grand maximum. Nous étions peu nombreux, pris par nos engagements personnels et professionnels respectifs, et pour la plupart d'entre nous c'était la toute première fois qu'on participe à une telle action. Même les anciens militants, habitués aux discours de contestation et de dénonciation des abus du pouvoir (aussi bien bourguibien que bénaliste, pour certains), c’était également la première fois qu’ils participaient à une action de cette envergure : soutenir un candidat de l’opposition aux élections présidentielles !


Il faut comprendre comment cette candidature s'était faite : le pouvoir avait ouvert le jeu pour les premiers responsables des partis politiques pour se présenter aux présidentielles avec certaines conditions. Cela excluait d'office Ahmed Néjib Chebbi et Mustapha Ben Jaafar et donnait la possibilité à 3 partis de présenter des candidats : UDU (1), PUP(2) et Ettajdid. Les 2 premiers étaient nationalistes arabes et pro-Ben Ali. Seul le 3ème était une vraie opposition (d’autant plus que personnellement je ne suis pas pour le panarabisme). Ettajdid a donc présenter son premier secrétaire A. Brahim, mais il a élargi le cadre de cette candidature : A. Brahim se présentait "officiellement" au nom d'Ettajdid mais en réalité il était le candidat d'une coalition plus large regroupant Ettajdid (noyau central et façade "légale" de la coalition), PSG (3) (parti non reconnu), PTPD (4) (parti non reconnu) et plusieurs personnalités indépendantes de gauche (sans affiliation politique à un parti). Cette coalition a porté le nom de l’INDP (Initiative Nationale pour la Démocratie et le Progrès). Le PSG en est sorti juste avant les élections, pour des problèmes liés aux représentants de ce partis dans les listes communes aux législatives (Naoufel Ziadi voulait être à la tête de l'une de ces listes, si je me rappelle bien de l’origine du différend).


En plus du soutien de l’INDP et à l'approche des élections, le refus de la candidature de Ben Jaafar l’avait poussé à déclarer soutenir le candidat Brahim. De plus, plusieurs personnalités de l'opposition avaient signé des pétitions pour soutenir le même candidat sans forcément faire partie de Ettajdid ni même de l'INDP. Ahmed Brahim était devenu un symbole plus qu'autre chose, l'homme qui s'oppose à Ben Ali et qu'on laisse pourtant parler à la télé, en vertu des lois électorales permettant aux candidats de s'exprimer dans les médias nationaux (je reviendrai plus tard sur cette intervention télévisée d’Ahmed Brahim).


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(1) L’Union Démocrate Unioniste a présenté Ahmed Inoubli
(2) Le Parti de l’Union Populaire a présenté Mohamed Bouchiha
(3) PSG : Parti Socialiste de Gauche, reconnu après la révolution
(4) PTPD : Parti du Travail Patriote et Démocrate, reconnu après la révolution

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