mercredi 30 mars 2011

Mon histoire avec Ettajdid (5/5)


Par : Karim Mejri

5. De la déception vers la Révolution tunisienne

Après la période électorale certaines personnes qui m’avaient suivi surtout sur Facebook me prenaient déjà pour un Tajdidien. Il est vrai que la question se pose, dans une dictature, de prendre une carte de parti (quel qu’il soit) afin de trouver un minimum de soutien en cas de pépin avec les autorités. Mais même cet argument ne me convainquait pas et je préférais garder ma liberté d’action en dehors de tout mouvement. « Liberté d’action », c’est trop dire, car à partir de la fin des élections j’ai cessé presque toutes activités liées à la politique et je me suis concentré sur d’autres centres d’intérêt.

A la fin décembre 2010 et pendant les évènements de Sidi Bouzid je n’avais presque plus de contact avec le parti. J’étais inscrit sur beaucoup de groupes de soutien et je comptais plein d’amis Facebookiens issus de ce mouvement comme j’ai dû déjà le dire. Le mouvement Ettajdid était attentif à tout ce qui se passait dans le pays et naturellement il y avait des communiqués à propos de ce qui se passait.

A partir du 13 janvier 2011, Ahmed Brahim est devenu un personnage très connu et a été ministre pendant plusieurs semaines. Pendant cette période, je suivais l’actualité comme la plupart des Tunisiens et j’ai donné mon avis dans ce qui se passait sur la scène politique. J’ai eu des positions nuancées sur le gouvernement Ghannouchi 2, croyant notamment qu’il ne fallait pas le faire tomber (d’ailleurs la plupart des ministres ont gardé leurs postes sous le gouvernement Caïd Sebsi). Certains ont cru voir dans ces positions un alignement partisan en phase avec la position d’Ettajdid, ce qui n’est pas vrai. Je n’ai aucune raison de le faire (je ne fais pas partie de ce mouvement) et de toutes les façons je ne saurais défendre des positions auxquelles je ne crois pas. Toutes les points de vue que j’avais défendus étaient argumentés et constituaient ma propre opinion sur ce qui se passe. J’étais notamment outragé de voir comment on malmène des opposants honnêtes comme Chebbi et Brahim, j’ai été choqué de voir que certains technocrates étaient contestés juste parce qu’ils ont étudié et travaillé en France (pour moi le principe de la méritocratie était remis en cause et je pense qu’il l’est toujours aujourd'hui), je trouvais également que le débat était complètement déplacé des vrais enjeux (ceux qui veulent des législatives vs. ceux qui veulent des présidentielles1).

Je n’ai aucune loyauté à honorer envers Ettajdid ni aucun autre parti ! J’avais un devoir de réserve au moment où j’ai fait partie du comité de soutien en 2009 mais ces circonstances particulières sont finies avec les élections et rien ne me lie à Ettajdid à part le respect pour ses militants et ses idées. D’ailleurs, ce qui me plaît dans ce parti ce sont les idées et non les personnes en elles-mêmes (pour les personnes, « les bons et les mauvais sont partout2 » comme on dit). Si les idées changent ou ne correspondent pas à mes convictions, je n’aurais aucun problème à les critiquer.

Pour conclure, je pense le mouvement Ettajdid répond aujourd'hui, même partiellement, aux attentes d’une certaine partie de la classe moyenne tunisienne. Contrairement à ce que certains disent en faisant référence au passé communiste de ce parti, il ne s’agit nullement d’un parti d’extrême gauche mais plutôt d’un parti modéré de gauche. En plus, dans le contexte actuel, je pense que la faiblesse des partis politiques ne profite à personne, surtout pas à la démocratie naissante. Il est important que les jeunes s’informent et s’investissent dans les partis politiques, sans forcément appartenir à l’un de ces partis. L’état de méfiance généralisée face aux partis (pour des raisons justifiées ou supposées) ne peut que profiter aux extrémismes de tous bords et aux organisations syndicales et professionnelles, dont la mission principale n’est pas de faire de la politique.

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1 J’ai expliqué mon point de vue dans un ancien article

2 الباهي والخايب في كل بلاصة

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