dimanche 27 mars 2011

Mon histoire avec Ettajdid (4/5)


Par : Karim Mejri

4. Elections et déceptions

Notre action au sein du comité de soutien, malgré toute la bonne volonté qui nous animait, était en deçà de ce que j’imaginais. Nous avions distribué des tracts dans des marchés (1) à forte concentration maghrébine1, nous avions tenu un blog (2) et un groupe Facebook et nous avions listé nos propres demandes en tant que communauté expatriée afin qu’elles soient adaptées dans le programme officiel. Certains sont allés devant les consulats d’Iéna et de Pantin et ont été verbalement agressés et empêchés de parler avec les citoyens tunisiens. Mais tout ça n’était pas suffisant. La machine bénaliste tournait à plein régime, nous étions rien comparés aux moyens mis en place par le RCD.

Au final, la déception que j’ai tirée de cette expérience était grande :

- Organisation du comité : nous étions peu nombreux, connaissions mal les textes législatifs concernant les élections (ces textes étaient très ambigus sur certains sujets, surtout lorsqu’il s’agit de la communauté nationale établie à l’Etranger). Nous n’étions pas capables de réunir les observateurs nécessaires dans les bureaux de votes, etc.

- Le manque d’implication des citoyens (surtout des jeunes) : Je croyais qu'on pouvait réunir vingt personnes ou plus, je croyais qu'on pouvait s'organiser mieux, être plus efficaces, coopérer d'une façon plus proactive avec Tunis, etc. Nous étions la plupart du temps dans l'improvisation, nous faisions de notre mieux mais étions limités par le temps, les moyens financiers, le nombre réduit, etc. Les autres (surtout les jeunes) étaient presque insensibles à tout discours politique, cherchant par tous les moyens d’éviter de discuter politique… Il y avait un peu de curiosité des fois, mais sans plus. Sur ma liste de contacts Facebook, 2 amis seulement affichaient leur soutien à Ahmed Brahim. Certains autres étaient sensibles à la question des élections mais l’immense majorité s’en fichait (soit : « je m’en fiche », soit : « de toutes les façons ce sera truqué »)

- Déroulement de la campagne électorale : avec beaucoup de restrictions de la part du pouvoir et notamment l’interdiction pour plusieurs jours de la publication du manifeste électoral et des affiches (sous prétexte de l’existence de la mention INDP, sans existence légale). Au même temps, le RCD déployait des moyens gigantesques qu’il est inutile de rappeler ici

- Résultats des élections : où notre candidat avait obtenu un peu plus de 0.5%. C'était suffisant pour me saper le moral pendant plusieurs semaines et me dégoûter complètement de la politique dans mon pays, même en sachant que ces résultats étaient très probablement truqués

Je me suis donc éloigné des milieux tajdidiens à Paris dès la fin des élections. Mais les gens avaient mon numéro, mon adresse mail, et mon contact Facebook. Je continuais à recevoir des mails, j'étais inscrit sur plusieurs mailings lists ce qui me permettait, des fois, de recevoir des infos en avant-première. C'est toujours le cas aujourd'hui. Aussi, je suis devenu ami sur FB avec plusieurs personnes de ce milieu, notamment avec des Tajdidiens en Tunisie comme Soufiene Chourabi, Aymen Rezgui, Baccar Gherib, Maya Brahim et d’autres. Tous ne me connaissent pas forcément d'une manière personnelle mais il y a entre nous une certaine complicité.

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(1) Où un commerçant tunisien avait eu une réaction violente, ne concevant pas qu’on puisse appeler à voter pour quelqu’un d’autre que Ben Ali
(2) http://avec-ahmed-brahim-2009.blogspot.com/

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